66 kilomètres
Je pourrais te vendre du rêve, en te mentant disant "ouais, 66 bornes, trop easy, regarde les jolies photos, tu m'envies, hein ?" sauf qu'en fait non, j'en ai bavé.
Le matin, ça partait plutôt bien : le nouveau vélo était prêt, avec un casque (discret), des poignées (dépareillées), une gourde (remplie), une selle (sublime) et dans ma sacoche, tout ce qu'il faut pour bien pique-niquer (= la motivation ultime de toute sortie)
on va dire que les 30 premiers kilomètres se passent super bien. le ciel est encore voilé, il fait bon.
au bord du chemin tout sec il me semble reconnaitre des siliques de radis ou de moutarde (ou de colza ?), complètement envahies d'escargots blancs
Escargots des dunes, aussi appelés escargot grimpeurs, ces petits gastéropodes ont l'habitude de prendre d'assaut tout ce qui permet de les éloigner du sol chauffé par le soleil estival, raison pour laquelle on peut les retrouver agglutinés par dizaines sur une seule plante.
extrait du blog "sauvagement bon"
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près d'un ruisseau, on passe un ptit moment à observer le ballet des libellules, (mais elles sont trop rapides pour moi, impossible de les photographier en vol)
il y a des libellules noires (caloptéryx), des bleues, des vertes,
et même une coccinelle qui vient parfaire le tableau
on traverse Portet puis Roques.
on longe les jolies maisons aux murs de briques et galets,
les trottoirs sont nappés de pétales jaunes (qui s'accordent parfaitement avec le vélo du gars, OUI. okéééé. ça va, fais pas ton crâneur)
c'est beau.
(sur le trottoir, ce sont les fleurs du savonnier ou "arbre à pluie d'or" ou "arbre aux lanternes", à cause de ses fruits qui ressemblent à des petits lampions, )
on admire l'albizia ("arbre à soie") qui se reflète dans la Garonne et dont les plumeaux chatouillent les nuages
non, vraiment, jusque là, c'est super.
ce n'est que bien après Muret que ça se corse.
il n'y a plus de nuages, il fait CHAUD et les chemins se transforment en parcours d'obstacles, avec ornières géantes, côtes impossibles, marches infranchissables, orties fourbes, et troncs qui te barrent la route.
on doit faire les derniers kilomètres en forêt, en marchant (trébuchant / jurant /maugréant )(raye la mention inutile) (ah non erreur : il n'y en a pas) à coté du vélo, en se prenant régulièrement la pédale dans le mollet (ou le tibia) et en se faisant joyeusement lacérer les bras par les ronces.
et tout ça, sans avoir mangé.
ô joie.
le gps indiquait un parcours de 2h et je m'insurge. il nous faudra TROIS bonnes heures pour arriver au bout.
et c'était TROP
voilà. c'était ça, l'info vérité, que les photos ne peuvent pas raconter.
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on arrive sur la berge tant espérée. il y a de l'ombre. c'est joli. et c'est ENFIN le moment de pique-niquer (il est 14h30. oui, j'ai cru décéder)
malheureusement, pas le temps de baguenauder (haha)
on sait que le retour va être tout aussi rude que l'aller. faut pas trainer.
on replie la toile cirée, on dit au revoir aux libellules, et on repart pour 3 nouvelles heures de vélo.
youpi.
(ouais, bon là, je fais l'andouille juste après le panneau, j'étais encore sous l'effet du taboulé-maison-trop-bon, mais ça ne durera pas)
on change de chemin pour éviter (un peu) les ornières et les ronces, mais à la place, on a droit à de belles montées sous un soleil de plomb.
alors, OUI, tous ces champs dorés, c'est beau, mais crois-moi, c'est HAUT. et c'est LONG.
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voilà, les gens, c'était la sortie du 25 juin, qui restera gravée dans les mémoires (et dans les cuissots - bonjour les courbatures du lendemain- et sur les tibias et les mollets aussi #ArnicaAllOverMyBody)
dans deux ou trois jours, on en rigolera, pas vrai ?!
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essayons juste de nous souvenir de ça :
les pompons
les galets
les libellules
et les champs de blé
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